La Saint-Valentin est ce que l’on en fait ! En envoyant valser les codes étiquetés « ringards », chacun peut se créer ses propres rituels.
« Je ne fête pas la Saint-Valentin, on peut même dire que je déteste cette fête. Pour moi, c’est une célébration artificielle et complètement hypocrite de l’amour.» Pour décrire la fête des amoureux, Stéphane, 42 ans, en couple depuis 9 ans avec sa compagne, Céline, ne mâche pas ses mots. J’y vois une mise en scène, un évènement commercial, vide de sens à laquelle on se plie plus pour se conformer aux normes et au regard des autres plutôt que pour faire plaisir à l’être aimé. Au risque de passer pour un cynique, je suis vraiment un anti Saint-Valentin », clame Stéphane. Et il n’est pas le seul. Nombreux sont celles et ceux à dénigrer le 14 février, ou à simplement ne pas l’assumer, par honte de célébrer une fête destinée aux « canards ». Ainsi, selon une étude réalisée en 2020, seulement un tiers des Français déclarent fêter la Saint-Valentin. Parmi les critiques, beaucoup dénoncent une fête niaise et mercantile. Pourtant, à l’origine, la Saint-Valentin est née d’un véritable acte de rébellion et de foi en l’amour sincère.
Il est difficile d’être certain de l’origine de la Saint-Valentin, mais la version la plus communément admise prend ses sources en Rome antique. En l’an 269, alors que l’empereur Claude II interdit les mariages pour pousser plus facilement les hommes à partir à la guerre, un prêtre, Valentin de Terni, s’y refuse et continue de marier les amoureux, en cachette. Découvert et arrêté, il est emprisonné et exécuté… le 14 février. Des années plus tard, en 1496, alors que ce prêtre romantique est désormais reconnu comme un martyr de la chrétienté, le pape Alexandre VI nommera Valentin « saint patron des amoureux. »
Une Saint-Valentin sans prise de tête
Pétales de roses, chocolats en forme de coeur ou dîner aux chandelles, aujourd’hui le cérémonial classique de la fête des amoureux est extrêmement codifié et caricaturé. Mais d’autres Saint-Valentin sont possibles, loin des clichés surannés d’un romantisme fantasmé et fabriqué de toutes pièces. Amélie et sa copine Lou, 28 ans toutes les deux, ensemble depuis six ans et toutes deux allergiques à l’imagerie très « rouge velours » de la Saint-Valentin, ont ainsi décidé de se créer leur propre fête. « Nous détestions l’idée de devoir se plier aux codes du repas romantique, de la lingerie fine et de la playlist chansons d’amour, tout ça ne nous ressemble pas du tout, confie Amélie. En revanche, nous aimons beaucoup l’idée de se dire qu’une fois par an, on organise une journée ou une soirée pour fêter notre amour et notre couple. Cela ne nous empêche pas de nous aimer et d’être pleines d’attentions l’une pour l’autre le reste de l’année, mais c’est tout de même une occasion de marquer le coup.»
D’autres Saint-Valentin sont possibles, loin des clichés surannés d’un romantisme fantasmé et fabriqué de toutes pièces.
Et pour marquer le coup, les deux amoureuses se sont fixé une règle simple : à chaque Saint-Valentin, elles testent quelque chose de nouveau : « La première année, on a bu de l’absinthe ensemble pour la première fois de notre vie. L’idée est de se créer des souvenirs et de partager des moments de complicité et de découverte, loin du cérémonial un peu trop boring de la Saint-Valentin telle qu’on nous la vend dans notre imaginaire collectif. On s’amuse aussi à détourner clichés du genre, par exemple l’an dernier on s’est offert à chacune une culotte brodée Henriette H. On les a personnalisées avec des mots assez coquins», explique Amélie qui, cette année, a prévu avec Lou une soirée films et Blanc-Manger Coco, lovées l’une contre l’autre dans le canapé, histoire de se retrouver et de rompre le rythme effréné du métro, boulot, dodo. Un moment ordinaire, qui ne cherche ni l’inattendu, ni l’exceptionnel, et qui montre que la Saint-Valentin n’a pas à être une prise de tête.
Penser aux petites attentions
En se débarrassant des codes parfois oppressants de la fête des amoureux, de nombreux couples peuvent ainsi se laisser aller à une célébration sans doute plus authentique et plus sincère, convenant mieux à leurs visions de l’amour. Pierre et Anna, 39 et 37 ans, se sont rencontré le jour de la Saint-Valentin, en 2019, en Argentine. Un coup de foudre que ces deux baroudeurs ont décidé de célébrer chaque année à leur manière : « C’est à la fois la Saint-Valentin et notre anniversaire, explique Pierre, et comme on est des fous de voyage, on a décidé de célébrer chaque année une culture ou un pays différent en se faisant une soirée à thème. Cette année, on part au Brésil : on va se mitonner une bonne Feijoada, se servir des verres de Caïpirinha et regarder des films brésiliens ».
Pour aller plus loin, Pierre et Anna auraient aussi pu s’inspirer des rituels des autres pays car la Saint-Valentin ne se fête pas partout pareil. Au contraire de la France, où elle est souvent boudée, dans d’autres pays, la Saint-Valentin est l’évènement de l’année, une affaire sérieuse et respectée qui donne lieu à des traditions séculaires. En Afrique du Sud, la Saint-Valentin est l’occasion de se retrouver en famille et entre amis, lors de grands bals populaires. La tradition veut que les femmes accrochent à leur manche ou au bas de leurs robes le nom de celui ou celle qu’elles convoitent. En Corée du Sud, le 14 février, ce sont les femmes qui offrent des chocolats à l’élu de leur cœur. Un mois plus tard, le 14 mars, c’est au tour des hommes de rendre la pareille. Autre tradition au Pays de Galle, où la fête des amoureux est célébrée le 25 janvier. À cette occasion LE cadeau à offrir est… une cuillère en bois, sculptée de fleurs, d’oiseaux et de cœurs. Une preuve de plus que la Saint Valentin diffère d’un continent à l’autre.
La Saint-Valentin est ce que l’on en fait, chacun doit pouvoir créer son propre rituel en osant le fun, la créativité, la spontanéité, l’humour, le décalé. On peut toujours faire craquer l’autre à travers des petites attentions, même le jour de la Saint-Valentin. Le romantisme, quelle que soit sa forme, n’a jamais fait de mal à personne. Alors cette année, nouvelle résolution : on laisse de côté ce sentiment anti-Saint-Valentin so frenchy, et on assume enfin haut et fort son côté romantique.
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